lundi 31 août 2009

VERBICRUCISTE/CRUCIVERBISTE







En ce jour, un autre doublon, mais antithétique celui-ci;



CONTEXTE



Dimanche, desoeuvrée (free box en panne ?! clin d’oeil à nos fidèles !), joueuse, donc compétitive, voire vindicative, je lance un défi à une grille de mots-croisés : à l’attaque! Quelques heures passent (minutes ? impatiente !), lasse, je déclare, sans hâte, forfait.


Appliquant consciencieusement la devise qui veut que pour mieux vaincre son ennemi, il faut d’abord apprendre à l’apprivoiser, je pars donc à la recherche de mon adversaire.



Je découvre alors qu’il existe, parmi le lot des métiers hors normes méconnus, un groupuscule d’hommes de l’ombre animant nos jours d’ennui et nos jours de pluie constitués de verbicrucistes.



Parfois anonyme, pas toujours magnanime, il a l’esprit affûté et pointu, un sens de l’humour tortueux, mais constant et maîtrise sa conjugaison et sa grammaire tout comme ses mathématiques, car les mots, vous le savez, se chevauchent sans heurts dans un dédale de cases blanches et noires.



DEFINITION



Vous l’aurez sans doute compris, et vous le savez d’ailleurs certainement déjà, mais la subtilité n’est pas là, elle est plus bas*, le verbicruciste est un auteur de mots croisés.



Le mot-croisiste aussi, mais ça sonne tout de suite mon chic, alors passons.


UTILISATION INTIME



Au lien de lui dire, comme chacun fait quotidiennement : « Arrête donc de ratiociner avec tes métaphores filées », nous proposons une variante :



« Arrête tes numéros de verbicruciste, tu me trompes, c’est ça ? »



*PLUS BAS


Le cruciverbiste, partenaire mais adversaire indispensable et indissociable du verbicruciste est un amateur de mots-croisés.



UTILISATION INTIME BIS



Il entame sa dixième grille de Sudoku, qu’il ne termine qui plus est jamais, vous avez envie de vous balader, qu’il aille se balader, ou d’autre chose, mais, absorbé, il ne décroche pas.



Pour un effet de surprise garanti, avant de claquer la porte, glissez lui un : « Je vais prendre l’air, espèce de c... (suspense) ... cruciverbiste ».


Interpellé par votre fine connaissance du français, il lève les yeux : vous aurez fait une faute de français, vous vous retrouvez, il est vrai, seule dehors, mais il vous aura au moins entendu.


UN COCKTAIL SOCIETAL



Diner mondain et tout le tsoin-tsoin, arrive l’heure du fromage et ont déjà été évoqués Obama et Martine, le dernier Beigbedder, les magouilles de Karzaï, le stress au boulot, l’expo de Max Ernst et le pari fou de James Cameron.



Il est 22h22 (private joke, Chris ?!), un ange passe...



Pour élégamment meubler le bruit des couteux et la gêne naissante de vos convives, vous lancez un « et ton petit dernier Charles-Henri, plutôt du genre verbicruciste ou cruciverbiste ? »



Flop, voilà que l’on entend Josseline rompre son pain.

mardi 25 août 2009

JOCRISSE/JOBARD


CONTEXTE

Un peu de pub, des visites amicales : des trouvailles !

Chers amis, Loïc, merci ! Jocrisse ou jobard nous ne serons plus !

Jocrisse, en plus de partager la même page que jobard (p.122 du Petit Larousse illustré 2009), en recoupe son sens. Aussi, dans la lignée d’orblute et de phosphène, je propose ici un doublon.

DEFINITION :

Jocrisse : nm

De Jocrisse, un personnage de théâtre, l’un des nombreux types du valet bouffon.

Jocrisse est particulièrement l’incarnation populaire de la niaiserie et de la maladresse.

Jocrisse est un benêt qui se laisse duper, il caractérise plus particulièrement un mari qui se laisse mener par sa femme en s'occupant notamment des soins du ménage qui conviennent le moins à un homme.

Jobard (e) : adj et n

Très naïf, qui se laisse duper facilement

Jobardise ou jobarderie n.f. Fam

Crédulité, naïveté

UTUILISATION

1.Place à Molière :

Dans Les Femmes savantes (Acte V, scène 3), Molière fait dire à Martine :

" (...) Si j'avais un mari, je le dis,
Je voudrais qu'il se fît le maître du logis:
Je ne l'aimerais point s'il faisait le jocrisse "

Et dans Sganarelle, ou Le cocu imaginaire "Mais je le laisse aller après un tel indice,
Et demeure les bras croisés comme un jocrisse!"

2. Là où Martine ne l’aimait quand il faisait le jocrisse, nous autres femmes d’aujourd’hui le chéririons ! Alors messieurs, jouez au jocrisse, enfilez vos tabliers et récurez nos éviers !

« Chéri, si jocrisse tu ne deviens pas, seul tu te retrouveras »

3. Il vous raconte des salades :

« Assez de tes bobards, je ne suis pas une jobarde ! »

4.Georges Perec, dans "L'art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation" fait dire à son personnage principal, qui cherche tant bien que mal, mais vaille que vaille, à aller voir son chef de service pour lui demander une augmentation :

"... il va en quelques mots bien sentis vous faire comprendre que vous raisonnez comme feu pied c'est-à-dire avec une absence d'intelligence qui confine ou bien à la sénilité précoce ou bien à l'idiotie congénitale remarquez bien que qu'il vous traite d'abruti de béta de crétin de dadais d'écervelé de fada de gâteux d'habens minus d'idiot ou de jobard cela vous revient absolument au même..."

vendredi 21 août 2009

ORBLUTE / PHOSPHENE


Contexte de la trouvaille

Engourdi de sommeil après une pyjama party un peu arrosée, élégamment nourri par un ensemble de blinis et de bricks au thon déclinés en autant d'amuses-bouche initiateurs d'aérophagie, et violemment secoué à heure fixe par un chat amateur de caresses malsaines, c'est avec lenteur et difficulté que j'exécute mon rituel matinal (ablutions, borborygmes, thé, plaintes de courte durée mais répétées, remise en place de l'attribut viril...). Je suis tout à coup saisi d'admiration : ma partenaire de pyjama party, Mme E., apparait telle une madone, maquillée, petit short en jean et chaussures à scratch electro-pop, apparemment en forme, sans les " petits yeux " prédits, plutôt riante et souriante. Le plus éblouissant reste à venir : à peine cambrée, elle tend ses bras pour tirer les quatre coins de la couette, et tape avec la dextérité d'une grand-mère les oreillers en plume, leur redonne forme et volume. Les coussins s'animent, et à la question " je t'ai dit que nous avions ouvert un blog avec ma soeur sur les mots peu usités"? , son esprit en fait de même. Yeux grands ouverts, toujours armée du même coussin qui finit par prendre le pli, elle m'interpelle " ah , tu vas mettre orblute?". Elle s'explique : oui, c'est l'ancien nom de "phosphène". Aucune intuition.

La définition

Toujours d'après Madame E., l'orblute est un terme berrichon utilisé par Georges Sand dans "La petite Fadette". Il signifierait persistance rétinienne, une image qui reste gravée dans nos sombres prunelles, notamment après avoir fixé une source lumineuse. Elle en parle en fin de compte dans "Le Voyage en Espagne" en ces termes : "Cette croix et ce globe étincelant au coucher du soleil, se détachant sur un ciel plus bleu que je ne l'avais jamais vu, sont un spectacle que je n'oublierai jamais, et que je contemplais jusqu'à ce que j'eusse dans les yeux ces boules rouges et bleues que par un excellent mot, dérivé du latin, nous appelons (...) les orblutes. Ce mot devrait passer dans la langue moderne. Il doit avoir été français, quoique je ne l'aie trouvé dans aucun auteur. Il n'a point d'équivalent, et il exprime parfaitement un phénomène que tout le monde connaît et qui ne s'exprime que par des périphrases inexactes (...) Quand l'orblute est bien complète, elle vous représente exactement la forme de l'objet qui l'a causée ; c'est une sorte de mirage"

Les puristes préfèreront le terme en vigueur chez nos contemporains, qui désigne un phénomène pas tout à fait identique mais proche : le phosphène. Notre ami Wiki, - source confirmée par des dictionnaires de médecine tropicale svp ! - nous en donne la définition suivante : " Un phosphène est un phénomène interne à l'œil qui se traduit par la sensation de voir une lumière ou par l'apparition de taches dans le champ visuel (...) Ce phénomène survient normalement après fixation d'une source lumineuse ponctuelle, mais peut intervenir lors de troubles neurologiques, comme l'épilepsie ou la migraine ophtalmique, ou suite à la prise d'un psychotrope (médicament ou drogue hallucinogène)".


Comment briller en société
(à part pour le dernier jeu de mot - superbe - de cet article, veuillez noter que le terme "orblute" peut venir , pour ceux qui le souhaitent et qui aiment les bisexuelles à moustache, se substituer à phosphène)

Première évidence : vous ne pourrez donc pas à l'avenir parler vulgairement de "points noirs". Notons à ce titre la qualité assez médiocre de la blague répertoriée dans toutes les Bibles de l'humour " J'ai vu des points noirs / Tu as vu l'ophtalmo? / Non, des points noirs".

Seconde évidence : le conducteur avisé et érudit ne lancera pas à brûle-pourpoint un incendiaire "putain, il m'éblouit avec ses phares", mais " putain, il me colle des phosphènes, faut qu'il passe en feux de croisement!"

Troisième évidence : si vous avez des tendances "wesh-wesh" ("Racaille" ou "Caille " en banlieue parisienne, "Pich" dans l'arrière-pays de Montpellier) ou que vous êtes très simplement mauvais dragueur : un simple " t'es tellement bonne que tu me colles des phosphènes, tu m'éblouis grave" peut faire l'affaire.

Quatrième évidence (dédicace amateurs de foot) : " Dédé, c'est l'heure du blute en or!! ": fou rire garanti ! Ou pas.

mercredi 19 août 2009

PENETROMETRIE


Contexte :


Je suis allée « jouer » au golf à l’hippodrome d’Auteuil hier, c’était la première fois...

Dorénavant, je ne méjugerai plus ce sport : voyez-vous, la balle, on le sait tous, n’étant pas bien grosse, la face de la tête de mon Fers (« impressive », hein ?) ne l’étant pas non plus, j’ai effectué un certain nombre de tournantes solitaires. Au réveil sont, par ailleurs, apparues des courbatures aux muscles trapèzes (pour information, le trapèze est un grand muscle qui couvre toute la partie supérieure du dos, de l'épaule à la colonne vertébrale, jusqu'au milieu du dos ; il intervient dans la mobilité de l'omoplate et dans la rotation de l'épaule) et une ampoule sur le pouce droit (les golfeurs portent un gant à la main gauche, allez savoir...), en somme : un vrai sport !

Passons sur les détails de mon initiation, loin d’être brillante, mais cependant suffisamment exaltante pour devenir persévérante..

Heureux, il fait beau, il fait tôt, on arrive, bonne mine, en décapotable sur le green (solution idoine pour donner un air de pro aux bolos) : jusqu’ici, le canular tient la route... mais voilà, la clé de la voiture est restée dans le coffre de la voiture, lui-même fermé à clé par ... bah euh... justement la clé de la voiture !
Repérés !

Il a donc fallu aller récupérer un double à l’autre bout de Paris... et c’est en négociant une ouverture des grilles déjà fermées du golf avec le gardien de nuit de l’hippodrome, que j’entends parler de ... ça y est, nous y sommes : pénétrométrie...


Définition :


Méthode d'analyse permettant de mesurer la profondeur de pénétration d'un corps dans un autre.

(je vous vois venir, non non pas du tout, je n’y ai même pas pensé !)

On utilise cette méthode pour, par exemple, évaluer la fermeté d’un fruit, mais aussi pour mesurer l’état d’un terrain afin de juger s’il est sec ou lourd. La mesure est un indice. On parle d’indice pénétrométrique.


Utilisation sociétale :


C’est l’été, nos amis se marient (oui, je sais...) et... les mariages se comparent (oui je sais, c’est paaaaas bien).
Plutôt que de parler des robes de mariées, des qualités oratoires du prêtre, du choix du traiteur, je propose d’instituer un critère de comparaison portant sur les conditions pénétrométriques : les filles, vous le savez, je le sais, ils ne le savent pas, de la fermeté du sol, dépendent le choix et la durée de vie de nos talons !

IMPEDIMENTA

Contexte :


Free box cassée (encore...), dimanche soir, je loue un DVD : Rois et reine, un film d'Arnaud Desplechin avec Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric, Hippolyte Girardot, Catherine Deneuve, Maurice Garrel sorti en 2004.

Le mot est utilisé à plusieurs reprises par Ismaël...


Définition :


n.m.pl. (mot latin, bagages).
1. Vx. Véhicules, bagages, etc., qui ralentissent la marche d'une armée.
2. Litt. Ce qui entrave l'activité, le mouvement.


Utilisation et brillance sociale


Ex1. Vous loupez votre train


Il est 18h10, vous êtes encore dans le métro, encore deux stations vous séparent de la gare Montparnasse et plus que dix minutes pour traverser LE Couloir et monter dans votre train... La pression monte, sur les starting block, vous vous mettez en première ligne, la main sur la poignet. Les portes s’ouvrent, la course commence...

Telle une antilope, vous survolez les marches, tel un guépard, les virages sont maîtrisés, vous vous sentez pousser des ailes... au loin vous apercevez LE Couloir... les tapis fonctionnent, vous y voyez un signe du Destin, ce train : vous l’aurez... mais voilà d’innombrables obstacles entravent le bon déroulement de votre course, des mioches, des couples, des poussettes... vous voyez le train partir...

Vous hurlez « AU DIABLE LES IMPEDIMENTA »


Ex2. De manière générale...


Ne plus dire « je n’ai pas eu le temps », « j’ai eu la flemme », ou « je le ferai demain », mais « j’ai été confronté à des impedimenta qui ne m’ont pas permis d’entamer (variantes possibles : de poursuivre, de terminer) le dossier. »

jeudi 13 août 2009

INFUNDIBULIFORME


Contexte


Juju, Grand Dieu, comment as tu dégoté ce mot que tu m’as si généreusement appris ?!

Définition


En forme d’entonnoir...

Comment l’utiliser et briller ?


EX1. Qualifier votre semaine

Contexte :

Le lundi matin certes vous allez « comme un lundi » (c’est le début de la semaine et, comme tout le monde, vous préférez le week-end et les grasses mat), mais enfin, vous êtes frais comme un gardon car vous vous êtes couchés tôt après le film du dimanche soir...
Le lundi vous le réservez aux courses, au ménage, aux impôts, au loyer, à la réparation de votre free box... vous vous couchez tôt après deux trois chapitres de votre roman du moment...
Le mardi, vous prenez l’apéro avec Dédé, faut bien se détendre, vous comprenez toute cette tension au boulot...
Le mercredi, c’est journée piscine, vos collègues commencent à vous taper sur les nerfs, c’est l’annif de Jeannine, votre amie de toujours, soirée champagne...
Le jeudi, ca tape dure là haut, vous n’auriez pas dû mélanger, vous avez oublié de boire un litre d’eau avant d’aller vous coucher, plus de doliprane dans votre trousse à pharmacie, le réveil est difficile, mais enfin « y’a pas le choix » comme on dit : vous vous levez... promis ce soir vous vous coucherez tôt après une bonne soupe... Sur le chemin du retour, le mal de tête s’estompe, la patate revient, le téléphone sonne, « j’arrive »... vous terminez au karaoké de Pigalle, il semble bien que vous ayez chanté, vous vous souvenez plus très bien...
Et vendredi, bah c’est vendredi, soupe interdite, soirée disco...

Utilisation circonstanciée et brillante :

Quand le mercredi matin, votre secrétaire vous demande « ca va » ? vous lui répondez « 4 sur une échelle infundibuliforme allant de 1 à 5 » (cette semaine c’était l’annif de José, il a fait ça mardi...)

EX2. Eviter le « elle est bonne » ou comment qualifier une physionomie particulière ?

Vous buvez un pastis avec votre bon vieux pote de toujours Marcel pour fêter son augmentation. C’est l’été vous êtes en terrasse et les femmes sont dénudées. Quand, soudain, surgit le sosie de ... zut vous avez oublié son nom... « mais si voyons, souviens toi Marcel, elle était en maillot de bain rouge, elle courait sur la plage pour sauver des gens, elle avait un corps infundibuliforme »
Marcel : « ah Pamela, la fille aux gros seins et aux jambes fines et galbées »

EX3. (Wiktionnaire plus vulgaire, j’aurais pas pensé dis donc...)

« O pédérastes incompréhensibles, ce n’est pas moi qui lancerai des injures à votre grande dégradation ; ce n’est pas moi qui viendrai jeter le mépris sur votre anus infundibuliforme. » (Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Chant V)

« Les signes caractéristiques de la pédérastie passive, que nous allons passer successivement en revue sont le développement excessif des fesses, la déformation infundibuliforme de l’anus, le relâchement du sphincter. » (A. Tardieu: Étude sur les attentats aux mœurs, 1873)

mardi 11 août 2009

HENDIADYN

(Paul Eluard)

Le contexte de la trouvaille

La rédaction du Nouvel Observateur, plus littéraire et khâgneuse qu'il n'y paraitrait de prime abord, a jugé intéressant de nous gratifier sympathiquement dans un numéro de l'été d'un "quizz" version "grand test de l'été". Soucieux de tester notre culture générale après un échec en demi-teinte sur un magazine féminin proposant de reconnaitre des stars qui se cachent (derrière une combinaison couleur chair, un foulard, tête baissée, etc.), nous nous sommes armés de courage pour répondre en confiance s'il vous plait au "test de la langue française" de l'Obs. A priori, plutôt stimulant comme défi. C'est alors que le mot le plus jubilatoirement inutile a fait son apparition, inutile à plusieurs titres : dans l'incompréhension de sa définition et dans notre potentielle incapacité à en faire un usage sociétal. Ce mot désiré et désormais chéri sonne mal, n'est pas rond en bouche et est phonétiquement louche : HENDIADYN. Mais qu'est-ce donc qu'un hendiadyn? Le Nouvel Obs est plutôt laconique, on comprend vaguement le coup du procédé littéraire, je suis donc allé fouiller du côté des névrosés de la langue française. Je tiens à cet égard à remercier chaleureusement l'auteur du blog "Le Garde-Mots" qui éclaire nos lanternes de non-érudits.

La définition

Le terme viendrait "du grec hen dia duoïn, une chose au moyen de deux [mots]". C'est, d'après ce charmant blogger un " procédé qui consiste à dissocier en deux éléments une formulation qu’on aurait pu faire en un seul". Soit. Des exemples, des exemples !! Allons chercher chez les poètes :

- Respirer l’air du lac et la fraîcheur (Rousseau).
- Un temple rempli de voix et de prières (Lamartine).
- Penché sur l'onde et sur l'immensité (V. Hugo).
- Elle et ses lèvres racontaient (Eluard) (celui cité par le Nouvel Obs, quelle honte de citer toujours les mêmes auteurs!)

Charles Baudelaire pratiquait volontiers l'hendiadyn :

À cet agonisant que le loup déjà flaire
Et que surveille le corbeau,
À ce soldat brisé ! S'il faut qu'il désespère
D'avoir sa croix et son tombeau ;
Ce pauvre agonisant que déjà le loup flaire ! "

SOIT.

S'en suit une longue comparaison avec la schizophrénie, il est question de schizophrénie littéraire...

De mon côté, je ne suis toujours pas sûr d'avoir vraiment compris. Comment faire la différence entre une locution qui est scindée en deux volontairement du hiendadyn artificiel , du hiendadyn soumis et subi ?? En quoi la fraîcheur du lac et son air pourraient-ils être réunis?? "son air frais"?

Pour l'utiliser et briller

" Pierre est vraiment un moulin à paroles, et, qui plus est, a très souvent recours à l'hendiadyn. Ne pourrait-il pas faire des phrases courtes et aller droit au but?"

" L'autre fois j'ai rougi pendant la réunion d'équipe et du coup j'ai fait un hiendadyn pour me rattraper : ils ont kiffé le coup du " j'ai fait une présentation et un powerpoint"

ou " trêve de hiendadyn, parlons peu, parlons bien"

Bien évidememment, tout mot fonctionne comme une insulte selon l'intonation et la qualité elliptique de la phrase. Hiendadyn n'échappe pas à la règle : " tu n'es qu'un hiendadyn" " casses-toi, pauvre hiendadyn". Il s'agirait bien là d'une incongruité totale.

Prochain mot : la tmèse.